Lieu : Maison de la culture du Japon à Paris
Dates : 23-24 (ven.-sam.) janvier, 2015

1225_utsuwatoutsushi-A2Transmission culturelle selon le modèle de la métempsychose 
ou comment les âmes habitent dans les choses
exposition associée
Réceptacle du passage, ou la vie transitoire des formes et ses empreintes ;
vers un nouveau paradigme de la transmission spirituelle des formes physiques

En langue japonaise, le réel (utsushi), qui veut dire aussi ‘la copie’ (utsushi) se miroite avec le vide (utsuro). Le récipient ou réceptacle* (utsuwa) signifie étymologiquement un vide (utsu) creusé en cercle (wa), désignant un objet concave qui sert à la transmission des matières-objets (mono) en sa possession. ‘Transmettre’ (utsusu) comme prédicat ne fonctionne pas sans ce récipient vide. La dialectique entre le vide et plein, voire entre le réel et le fantôme, s’opère par l’intermédiaire de ce vaisseau vacant. Médium (ou média) du transport, ce vaisseau est aussi la vaisselle (‘vessel’ en anglais), navette (ou capsule témoin) qui assure et observe une migration spatio-temporelle. A la fois passeur et passerelle, d’une génération à l’autre, cette navette vide assure le passage des âmes. Du berceau au cercueil, elle laisse dans sa cavité l’empreinte du Temps (G. Didi-Huberman) au cours de sa transmigration.
Un tel modèle japonais annule la dichotomie occidentale de l’original et de la copie, car les deux verbes qui forment une paire complémentaire, ‘utsuru’ (intransitif : ‘passer’) et ‘utsusu’ (transitif : ‘faire passer’) englobent simultanément les idées de ‘copier’, ‘déplacer’, ‘échanger’, ‘remplacer’, ‘succéder,’ ou même ‘posséder’ voire ‘hanter.’ La ‘hauntologie’ (J. Derrida) spirituelle peut y trouver un nouveau paradigme. Autour de cette idée de ‘passage-empreinte-possession’ (utsushi-utsuwa) se déroulera la thématique de notre exposition. Les débats qui l’accompagnent, auront pour but de s’interroger sur cette hantise des objets (mono-no-ke), fantômes qui se cachent entre le réel et l’illusion, entre l’ici-bas et l’au-delà (cf.M.J. Mondzain dans le contexte byzantin).
Les dialogues franco-japonais sur la ‘mono-logie’, voire les études sur ces ‘mono’ –à la fois objet, matière, espèce humaine et âme des morts(T. Kamata)impliquent ici un autre passage: Au cours de cette migration transculturelle, nous tenterons de découvrir le rôle du passeur-médiateur; ‘inter-mezzo,’ bien ‘mésologique’ (C. Robin, A. Berque), ce clivage des aires culturelles est réputé difficilement franchissable. Moyennant notre ‘passage’ (W. Benjamin) se dévoilera, pas-à-pas (‘unterwegs’ selon M. Heidegger), cette zone inter-médiaire. ‘Zwischenland’ au dire de R.M. Rilke, ce ‘mi-lieu’ potentiel se manifeste en tant que ‘tiers’ qui restait ‘exclus’ jusqu’ici par la logique dichotomique aristotélicienne du ‘tiers exclu’.
*Récipient-receveur-bénéficiaire mais en même temps réceptacle qui renvoie plus à la notion de ‘réceptacle’ dans le Timée, ou Chora) .

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