Pour cette première séance du séminaire doctoral sur Zoom, nous aurons le plaisir d’écouter Marion Lagadic, University of Oxford, qui nous parlera de
“L’économie politique d’une pratique genrée du vélo : le cas du Japon”.
La recherche sur la pratique du vélo a mis en évidence d’importantes différentes genrées : dans les pays où la part modale du vélo est limitée, les hommes tendent à être surreprésentés parmi les cyclistes ; au contraire, là où cette part modale est élevée, les femmes sont autant, voire plus représentées que les hommes (Pucher and Buehler 2012, Harms, Bertolini et al. 2014, Aldred, Woodcock et al. 2016). Pourtant, cette relation n’est pas une causalité : là où la part modale du vélo augmente, la représentation des femmes parmi les cyclistes ne s’améliore pas nécessairement (Aldred, Woodcock et al. 2016). Comment expliquer ces dynamiques genrées ?
La sous-représentation des femmes parmi les cyclistes, là où cette pratique n’est pas installée, a été expliquée par une supposée aversion au risque, et par le fait que celles-ci réaliseraient davantage de déplacements encombrés (e.g. courses alimentaires) ou pour accompagnement (cf. revue de Ravensbergen, Buliung et al. 2019). Plutôt qu’une explication finale, la présente intervenante considère ces explications comme offrant un nouvel angle d’études des pratiques de mobilité genrée. Le paradigme des nouvelles mobilités (Sheller and Urry 2006) a mis en évidence l’interrelation entre pratiques de mobilité et activités quotidiennes, celles-ci étant grandement structurée par les inégalités de genre. Ainsi, des pratiques de mobilité genrées sont l’écho de conditions de vie et contraintes différentes, déterminée à la fois par l’Etat Providence, par le marché, et par les normes de genre partagées au sein d’une société.
Influencée par les travaux de géographie économique féministe, ainsi que par la recherche sur la ‘mobility of care’ (mobilité liée au soin de proches et aux responsabilités domestiques) (de Madariaga 2013), Marion Lagadic étudie le continuum des facteurs influençant cette pratique genrée de la mobilité : (1) à l’échelle macro (politique), les politiques et dynamiques de marché donnant jour aux inégalités de genre, ainsi que les politiques urbaines et de mobilité créant les conditions de pratique du vélo) ; (2) à l’échelle meso (société), les normes de genre en place dans la société ; (3) à l’échelle micro (individu), les pratiques de mobilité quotidiennes et usages différenciés de la ville. Le Japon est utilisé comme étude de cas pour tester cette méthode : au Japon, les femmes sont fortement représentées parmi les cyclistes (Pucher and Buehler 2012), dans un contexte de partage genré des tâches très important (Allison 2013, Shirahase 2014). Les déplacements encombrés et d’accompagnement sont au cœur de cette pratique de mobilité féminine, ce qui remet en question les explications d’usage que l’intervenante souhaite réinterroger.
Date : 12 mai 2020
Heure : 06:00 PM Osaka, Sapporo, Tokyo
Pour participer à la réunion Zoom et obtenir les identifiants de connexion, merci de vous adresser à doctorantsmfj@gmail.com