Katsura et ses jardins, un mythe de l’architecture japonaise
Philippe Bonnin
arléa éditions, 2019
352 p.
25 €

ll y a, de par le monde, des lieux qui incitent au rêve, qui répondent à notre intuition du beau, et qui nous échappent comme autant d’énigmes. Le Taj Mahal en Inde, par exemple, ou Casa Malaparte en Italie, ou la Grande muraille de Chine.
Au Japon, c’est la villa Katsura – lieu idéal, dit-on, d’où l’on peut contempler la lune.

Au milieu de son jardin et des quatre pavillons de thé qui bordent l’étang central, édifée au début du XVII e siècle par le prince Toshihito, puis son fls Toshitada, sur le bord de la rivière éponyme qui baigne Kyoto, la villa demeure l’image idéale du raffnement, toute de retenue et de sobre distinction aristocratique face à l’architecture surchargée des shōguns Tokugawa qui prenaient alors le pouvoir pour trois siècles de

féodalité totalitaire.

Mais la réinterprétation de cette architecture si particulière par les architectes du mouvement moderne, au début du XXe siècle, a engendré nombre de quiproquos.
Il fallait aujourd’hui tout le talent et la sensibilité de Philippe Bonnin pour nous faire partager cette esthétique originale et éclairer l’énigme, dans un ouvrage magistral, fruit de plus de cinq années de travail et sans équivalent sur le joyau exceptionnel et mystérieux qu’est Katsura.

« Le plus ancien jardin-promenade du Japon qui subsiste de nos jours est celui de Katsura. Ici comme ailleurs, les jardins-promenade étaient dessinés pour être parcourus et admirés selon un sens particulier, et cet ordre a quelque chose en commun avec l’ordre d’une séquence musicale, comme le fait une suite « à la française » dans l’Europe du même siècle ».

Philippe Bonnin est architecte, anthropologue, directeur de recherche au CNRS, fondateur du Réseau thématique international JAPARCHI du ministère de la culture. Auteur de nombreux ouvrages et articles surl’architecture,l’habitatruraleturbain,enFranceetauJapon,iladirigélapublicationde Vocabulaire de la spatialité japonaise (Editions du CNRS), qui a reçu le grand prix de l’Académie d’architecture.