Le séminaire annuel « Spatialité au Japon » du réseau scientifique thématique JAPARCHI a repris à l’automne 2018. En s’intéressant à un ensemble de notions et de dispositifs fondamentaux de la culture spatiale du Japon, il s’inscrit dans la continuité de l’« encyclopédie ouverte » publiée en 2014 : Vocabulaire de la spatialité japonaise.

Cette année, les entrées thématiques portent sur : 1) les paysage(s) du retour à la terre, paysage(s) du retour de la terre ; 2) les jardins japonais en France, c’est-à-dire sur la présence/l’empreinte/la réception/l’influence du Japon dans le paysagisme en France, avec une deuxième journée d’étude ; 3) le patrimoine architectural, urbain et paysager dans la ville japonaise d’aujourd’hui. Cette thématique est l’occasion cette année d’interroger les modèles attachés à deux projets architecturaux modernes ; 4) l’espace des musées contemporains ; 5) le concept d’architecture ou de construction durable au Japon. Toutes ces thématiques sont abordées à travers des dispositifs ou des agencements matériels, construits ou se déployant dans le territoire ; des notions ou des concepts relevant de l’architecture, de l’urbanisme, du jardin ou du paysage ; des acteurs ou actrices qui agissent dans ou avec l’espace et sa représentation. Chacune des entrées, correspondant à un terme ou à une expression, voire à un toponyme, est définie par une mise en perspective historique, une description, une analyse des fonctions, significations dans son actualité, accompagnées de tout autre caractéristique essentielle.

Au plaisir de vous retrouver au fil des séances, Sylvie BROSSEAU et Catherine GROUT, coresponsables du séminaire.

5 février 2022 

Co-organisation : Japarchi et la Maison franco-japonaise (IFRJ-MFJ), Ebisu, Tokyo
horaires : 17h-19h heures au Japon ; 9h-11h heures en France
modalités : visioconférence
Inscription : sur le site de la MFJ : https://www.mfj.gr.jp/agenda/2022/02/05/evolutions_urbaines/
modération : Nathalie Simonnot (ingénieure de recherche, directrice du LéaV, ENSA Versailles), Watanabe Kazumasa (Architecte, Président de the Civic Cultural Heritage Network Tottori), Sylvie Brosseau (Japarchi, université Waseda), Catherine Grout (Japarchi, ENSAP de Lille)

Thématique : Evolution urbaine et représentations

  • « Gendai bijutsukan 現代美術館 : spatialité du musée d’art contemporain au Japon » par Giada RICCI (architecte, docteure en histoire de l’art, experte UNESCO pour les musées). Dans le cadre du projet Arts Towada アーツトワダ, le musée d’art contemporain de la ville de Towada, Towadashi gendai bijutsukan 十和田市現代美術館, est au centre de la politique de “revitalisation de la ville par l’art” アートによる街の活性化 (āto ni yoru machi no kasseika). Musée exemplaire par sa conception et son architecture, les espaces muséographiques et les dispositifs spatiaux de mise en exposition dans le musée de Towada seront abordés dans le cadre des pratiques des musées japonais contemporains.
  • « Jizoku kanōna kenchiku 持続可能な建築: contextualisation, promotion et mise en œuvre de l’architecture durable dans l’archipel » par Etienne LOMBARD (architecte HMONP, diplômé de l’ENSAPLV, praticien dans l’agence d’architecture parisienne PCA-STREAM). La notion d’architecture durable sera dans un premier temps définie et son apparition sera expliquée à travers le contexte historique de la fin du XXème siècle. Sa promotion sera ensuite discutée par le biais de la création d’organisations, la mise en place d’événements nationaux et l’annonce d’objectifs gouvernementaux marquants, puis, par le biais de l’introduction d’un système d’évaluation des performances environnementales des bâtiments. Sa mise en œuvre sera illustrée à travers l’étude et la présentation de projets d’architectes qui s’engagent aujourd’hui dans la conception-réalisation d’une architecture durable par leurs pratiques professionnelles.


12 mars 2022

organisation ENSAP de Lille
horaire : 17h-19h au Japon, 9h-11h en France
modalités : en visioconférence (le lien sera envoyé avec l’annonce et figurera sur le site de Japarchi)
modération : Delphine Vomscheid (responsable de la thématique « patrimoine »), Sylvie Brosseau (Japarchi) et Catherine Grout (Japarchi)

Thématique : Héritages : recherche de formes architecturales modernes et contemporaines dans la ville japonaise

  • « Villa Bianca 高級マンション : précurseur des logements de haut standing au Japon, inspirée par l’Occident » par Dylan BREHIER (étudiant en master 2 à l’école nationale supérieure d’architecture et de paysage de Lille). En 1964, à l’aube des Jeux Olympiques, l’amorce d’un programme de logement collectif de haut standing, nouveau pour le Japon, est entrepris avec la Villa Bianca (ビラ。ビアンカ). L’opération est développée sous cinq composantes : urbaine, structurelle, espaces communs, typologique et détails des équipements/mobiliers. Ce développement monographique raconte l’avant-gardisme des dispositifs employés, inspirés par les grandes figures modernes européennes et américaines, par le biais de références directes, la visite d’opérations emblématiques ou de références indirectes.
  • « Nishinoyama House de Sanaa, ou une autre façon de penser le projet de maisons individuelles au Japon » par Christine KALUS (architecte DPLG, co-fondatrice de l’agence Kalus Roussel architectes, diplômée du post master international « recherches en architecture » HESAM Université à l‘école d’architecture de Paris-la-Villette, membre associée du laboratoire “Architecture Milieu Paysage” [UR / AMP / ENSAPLV / HESAM / MC]). A partir du visionnage du film de Christian Merlhiot Nishinoyama House, réalisé en 2018, et d’un travail interprétatif en croquis, je fais l’hypothèse d’une part, que les notions de ma 間 et de shakkei 借景 , permettent d’analyser cette réalisation de Sanaa et d’autre part, que celle-ci permet d’interroger comment des dispositifs d’espaces pré-modernes japonais opèrent et sont insufflés aujourd’hui pour créer une architecture durable et sensible contemporaine.


23 avril 2022

Co-organisation avec l’International Research Center for Japanese Studies (Nichibunken), Kyoto
horaire : 16h-19h au Japon, 9h-12h en France
modalités : en visioconférence
Visioconférence organisée par le Nichibunken :
Inscription obligatoire avant le 15 avril. Envoyez un message en anglais ou en japonais à symposium@nichibun.ac.jp en précisant Japarchi + vos nom et prénom + votre affiliation + l’adresse email à laquelle vous sera envoyé le lien.

Discutant : Emmanuel Marès (historien de l’architecture et des jardins japonais, maître de conférence à l’université Kyoto Sangyô, chercheur associé à l’Institut de recherche de Nara pour le patrimoine)
Modération : Hiromi Matsugi (responsable de la thématique), Sylvie Brosseau (Japarchi) et Catherine Grout (Japarchi)

Thématique : Demi-journée d’étude sur les « Jardins japonais en France » (2)

  • « Le rôle du thé dans le jardin japonais d’Albert Kahn » par Hiromi MATSUGI, (Assistant Professor à l’International Research Center for Japanese Studies [Nichibunken]). Cet exposé tentera de rétablir l’histoire du jardin de thé des années 1960 dans le musée Albert Kahn, histoire quelque peu effacée entre la réalisation du fondateur au début du siècle et celle de l’agence Takano vers la fin du siècle. Ce sera aussi une occasion de reconsidérer, d’une manière plus générale, le rôle du thé dans le développement du jardin japonais en France.
  • « Une lente compréhension physique et intellectuelle du jardin de thé d’Albert Kahn » par Romain BILLON (actuellement responsable du jardin alpin au Muséum National d’Histoire Naturelle, et ancien jardinier au Musée Albert Kahn). En France, le cursus scolaire des lycées professionnels horticoles ne prépare ni à la compréhension ni à l’entretien des jardins japonais. Mon intervention tentera de faire découvrir le cheminement tant intellectuel que technique, au travers de la pratique de mon métier de jardinier dans l’entretien du jardin de thé du musée Albert Kahn qui a duré près de 20 ans.
  • « Spatialité dans les jardins: Approches de la taille des arbres en France et au Japon » par Yoko MIZUMA (Chercheuse attachée au Centre de recherche sur les civilisations de l’Asie orientale (CRCAO) et au laboratoire de l’Ecole Nationale Supérieure de Paysage de Versailles) Cette intervention portera sur l’entretien des plantes ligneuses, spécialement sur la technique de taille japonaise Sukashi-sentei ( 透かし剪定) « taille d’éclaircie » et ses effets dans la spatialité du jardin, à partir de l’expérience vécue à l’occasion d’un atelier d’échange technique franco-japonais organisé au Parc Oriental de Maulévrier en 2019.


27 et 28 mai 2022
(deux demi-journées)

Co-organisation: Japarchi et le réseau « Retour à la terre, retour de la terre »1
horaires pour les deux séances : 16h-19h au Japon, 9h-12h en France
modalités : séance hybride le vendredi 27 mai depuis l’université de Strasbourg et visioconférence le 28 mai. Les liens seront indiqués ultérieurement.
modération : Nicolas Baumert (université de Nagoya), Sylvie Brosseau (Japarchi, université Waseda), Catherine Grout (Japarchi, ENSAP de Lille) et Kenjirō Muramatsu (Université Jean Moulin Lyon III)

Thématique : « Paysage(s) du retour à la terre, paysage(s) du retour de la terre »

27 mai 2022

  • « Shin Evangelion : quand Anno Hideaki retourne (à) la Terre » par Kenjirō MURAMATSU (Maître de conférence à Université Jean Moulin Lyon III, IETT-EA4186), & Antonin BECHLER (U. Strasbourg-EA1340). Dans son dernier long métrage d’animation, Shin Evangelion 『シン・エヴァンゲリオン劇場版:||』 (Evangelion 3.0+1.0 : Thrice upon a time) (2021), ANNO Hideaki 庵野秀明 propose une longue séquence (40mn sur 2h25) de vie rurale dans une communauté nommée “Troisième village” (Daisan mura 第三村). Comment interpréter la présence et la signification d’un tel insert, donnant à voir une nature à la fois retrouvée et recréée, à rebours des représentations habituelles de ce topos dans les productions narratives japonaises récentes, et au premier abord incongrue dans le contexte d’une franchise de science-fiction comme Evangelion, qui s’est toujours tenue – à l’instar de son auteur – éloignée des questionnements sur le rapport à la nature ?
  • « Paysans influenceurs et boulangers blogeurs. Regard ethnographique sur un espace rural numérique » par Cecilia LUZI (doctorante, Freie Universität, Berlin) Le contenu de cette intervention est le fruit d’un travail d’exploration ethnographique numérique qui a eu pour but d’esquisser les traits d’une nouvelle manière de vivre l’espace rural au Japon à travers une étude des représentations digitales. Pendant environ six mois en 2019, nous avons suivi des blogs, des sites internet et des profils privés sur les réseaux sociaux appartenant à différents migrants provenant des grandes villes japonaises qui aujourd’hui résident dans diverses municipalités rurales. Nous avons observé comment ils occupent l’espace numérique en relation à leur choix de vie à la campagne et leur occupation. Ainsi, la campagne y devient nécessairement un espace hybride nouveau et le “retour à la terre” (kinô 帰農) se réalise à un endroit qui contient à la fois l’urbain et le rural. En conclusion, nous verrons en quoi ce paysage numérique reflète le changement de paradigme dans la manière dont le rural est apprivoisé par ces nouveaux migrants urbains.

28 mai 2022

  • « Permaculture au Japon et paysages féraux » par Leila CHAKROUN (doctorante université de Lausanne) Le cas de la permaculture au Japon est particulièrement intéressant, car elle invite les praticiens à se réapproprier des terres férales (un processus de dé-domestication et de ré-ensauvagement en raison du manque de gestion par les humains ), non pas pour les re-domestiquer, mais pour accompagner leur ré-ensauvagement, et encourager l’émergence d’une vie communautaire multi spécifiques (Centemeri, 2018).
  • « Fukushima – Reprises # V », par Sophie HOUDART (anthropologue, directrice de recherche CNRS, Laboratoire d’Ethnologie et de Sociologie Comparative) et Mélanie PAVY (artiste et cinéaste). Depuis la triple catastrophe de 2011, nous tentons de comprendre comment la vie continue dans la région de Fukushima. Ce qui perdure, disparaît ou se transforme dans les pratiques, les sentiments, les liens et les attentions que les habitants portent à un territoire qui a été en partie et de manière aléatoire, contaminé par la radioactivité. Nous aimerions présenter ici une série de séquences narratives dans laquelle nous essayons de reprendre et de tisser ensemble nos expériences personnelles, celles des personnes que nous avons rencontrées en chemin et les lectures, films et œuvres qui ont éclairé, ajouté, complexifié, parfois de manière ténue et par détours, ces cheminements fragiles en paysage incertain.

1 Projet scientifique de la Maison interuniversitaire des sciences de l’Homme d’Alsace (MISHA) 2019-2021 Siteweb : https://retoursterre.hypotheses.org/