Intitulé de la séance :
“Photographie d’architecture 建築写真”

Organisation : Japarchi

Le 20 mai 2023, 10h-12h (Paris) / 17h-19h (Tokyo)

Lieu (hybride) : à la Maison Franco-japonaise de Tokyo et en visioconférence
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Collaboration : Sciencescope, ENSAP Lille, Université de Lille

Programme :

Modération : Cecile Laly (univ. Kyoto seika, Sciencescope), Catherine Grout (ENSAP de Lille, Japarchi)

10h-11h (Paris) / 17h-18h (Tokyo)
Jérémie Souteyrat (photographe), La place de la photographie documentaire en architecture (tokyo no ie et autres projets)

Si l’histoire de la photographie a commencé avec l’architecture et des sujets immobiles, elle s’est rapidement ouverte à d’autres horizons, incluant notamment l’humain qui se trouvait dans les parages. Avec Eugène Atget à Paris et Berenice Abbott à New York, la photographie d’architecture humaniste a pris son envol, avant que l’humain ne prenne une place plus importante que les bâtiments dans les travaux des photographes de rue les plus célèbres de l’époque, comme Henri Cartier Bresson ou Robert Doisneau. La photographie d’architecture est-elle depuis réduite à des images sans vie destinée à la communication ou des jeux d’ombres et lumières mettant en valeur ses plus belles courbes ?
Ma série tokyo no ie  cherche à réconcilier l’humanité de la photo de rue avec la rigueur de la photo d’architecture, en photographiant 54 maisons du XXIe siècle à Tokyo dans leur environnement. À travers cet exemple et d’autres projets, j’essayerai d’aborder la place du réel et du documentaire dans la photographie d’architecture aujourd’hui.

11h-12h (Paris) / 18h-19h (Tokyo)
Gilles Mastalski (CRCAO), La redécouverte du fonds photographique de Wakaji Matsumoto (1889-1965). Un nouveau regard sur Hiroshima et le Genbaku dōmu 原爆ドーム avant le bombardement atomique

Si de nombreux clichés nous permettent d’appréhender ce qu’était l’espace urbain de Hiroshima avant le 6 août 1945, un fonds d’environ 2000 photographies prises par Matsumoto Wakaji (1889-1965), retrouvé en 2008, nous fait redécouvrir de façon saisissante la ville d’avant le bombardement atomique et redonnent par ailleurs visuellement au Genbaku dōmu, l’édifice emblématique de l’architecte Jan Letzel (1880-1925), la place qui était la sienne de 1915 à 1945.
Ses parents ayant émigré en Californie, Matsumoto devient photographe professionnel à Los Angeles puis, après son retour au Japon en 1927, à Hiroshima, où il ouvre un studio – en activité jusqu’à 1942 – à Naka-ku, près du Hall d’exposition commerciale de la préfecture (Hiroshima-ken Bussan Chinretsukan 広島県物産陳列館), aujourd’hui dôme de la bombe atomique. Son épouse, décédée en 1995, avait conservé dans la maison familiale non loin de Hiroshima, une collection de photographies, de négatifs et de plaques de verre de son mari qui n’a été redécouverte qu’en 2008 par Ohuchi Hitoshi 大内斉, leur petit-fils, lui-même photographe. Ce dernier décide alors d’en faire don aux Archives municipales de Hiroshima, où le fonds est désormais conservé.
De nombreuses photographies, rapportées de Californie, mettent en lumière la vie de la communauté nippo-américaine de Los Angeles avant la Seconde Guerre mondiale, mais ce sont les clichés de Hiroshima pris avant le bombardement atomique qui retiennent ici notre attention. Le nombre total de photographies de la ville que nous possédons aujourd’hui a en effet, grâce à ce fonds, été décuplé, des quantités importantes de clichés ayant été détruites par le bombardement. Les photographies de Matsumoto, désormais accessibles aux chercheurs/chercheuses, ainsi qu’au grand public grâce à des publications en ligne, par leur nombre, leur qualité et leur originalité, permettent de redécouvrir les caractéristiques architecturales et urbanistiques d’une ville presque entièrement reconstruite après 1945, et de reconsidérer la place occupée dans l’espace urbain de Hiroshima par le Genbaku dōmu– ainsi qu’on le nomme généralement aujourd’hui –, entre son inauguration en 1915 et sa destruction partielle à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Bio-bibliographies :

Gilles Mastalski est membre du CRCAO, spécialisé sur la Mitteleuropa, il s’intéresse aux relations artistiques et culturelles entre l’Autriche-Hongrie et le Japon, et plus particulièrement au japonisme en Europe centrale et orientale. Il travaille actuellement sur la présence et l’activité dans l’archipel d’artistes et architectes originaires de l’Empire des Habsbourg à la fin du XIXe s. et au début du XXe s. (ères Meiji et Taishō), tels que Julian Fałat (1853-1929), Emil Orlik (1870-1932), Jan Letzel (1880-1925) et Friedrich (Fritz) Capelari (1884-1950). https://www.crcao.fr/membre/gilles-mastalski/

Jérémie Souteyrat est un photographe français installé à Londres depuis 2018, après avoir vécu 9 ans à Tokyo. En 2014, il publie sa première monographie, tokyo no ie, un livre présentant des maisons contemporaines à Tokyo d’un point de vue documentaire. La même année, il présente Japon, l’archipel de la maison, un livre et une exposition itinérante qu’il co-élabore avec trois architectes, Véronique Hours, Fabien Mauduit et Manuel Tardits.